Interview Quentin Debarre - GAEC Chemin Vert
Interview de Quentin Debarre, éleveur de volailles. À travers son témoignage, il partage son parcours, l'amour de son travail mais aussi ses difficultés… Son métier, alliant tradition et innovation, met en valeur son attachement à la qualité et au bien-être animal, essentiels dans sa pratique.
Interview GAEC LE CHEMIN VERT - Quentin Debarre
Nous avons 5 bâtiments répartis sur 2 sites
Boissinot Élevage : Quelle est l’histoire du GAEC LE CHEMIN VERT ?
Quentin : Le Gaec est une histoire familiale. Mon père avait pris la suite de mes grands-parents. Aujourd’hui, je suis associé avec mon frère Lucas et ma mère Catherine. Notre père est à la retraite depuis 4 ans. Chacun a sa mission. Moi je m’occupe plus de la partie volaille avec ma mère. Nous disposons de cinq bâtiments répartis sur deux sites, représentant environ 5 000 m². J’ai commencé en 2009 avec un premier bâtiment de 1 400 m² et nous avons développé l’activité progressivement. J’apporte également mon aide sur la partie culture lorsque la saison exige plus de main-d’œuvre ou en fonction des conditions météorologiques. Mon frère, quant à lui, est principalement en charge des bovins.
B.E : Pourquoi avez-vous choisi la volaille ?
Q : Le bovin, ce n’est pas du tout mon domaine… J’ai commencé par la culture et suivi des études en production végétale au lycée Les Établières à La Roche-sur-Yon. Cependant, il me manquait quelque chose et nos terres étant séchantes, nos cultures manquaient de rentabilité. Je trouve que l’élevage de volailles est une activité plus « accessible ».
B.E : Quel type de volailles ?
Q : Nous élevons des dindes et des poulets, mais principalement des poulets, avec une surveillance quotidienne. Ceux-ci restent 40 jours dans les bâtiments, contre 120 jours pour les dindes.
Après chaque lot, les bâtiments restent vides pendant 15 jours pour le nettoyage, incluant un lavage haute pression. Nous faisons désormais appel à une entreprise extérieure pour cette étape.
Tout est automatisé, connecté, neuf ou rénové…
B.E : Vous êtes équipés de matériels spécifiques ?
Q : Nous disposons de matériels performants : un nettoyeur haute pression à eau chaude, un télescopique pour le curage, ainsi qu’une station de compostage. Pour le lavage comme pour le quotidien des animaux, nous sommes plutôt bien équipés, avec un robot de levage et un aérateur de litière.
Tout est automatisé, connecté, neuf ou rénové… mais cela ne fait pas tout. Une fuite d’eau, ça peut toujours arriver !
B.E : Pourquoi préférez-vous le poulet ?
Q : L’élevage de dindes est plus long et donc techniquement un peu plus exigeant. Si un lot se passe mal, il faut le gérer pendant quatre mois, ce qui augmente les risques sanitaires !
L’autonomie du métier et la liberté d’entreprendre
B.E : Que préférez-vous dans votre quotidien ?
Q : L’autonomie du métier et la liberté d’entreprendre ! La polyvalence nécessaire pour gérer notre entreprise et la possibilité de mettre en place nos idées, nos projets de développement. Il faut être curieux et on organise nous-mêmes nos journées.
B.E : Les difficultés du quotidien ?
Q : La météo
À nous d’être multi-compétents, rigoureux, exigeant dans tous les domaines
B.E : Et les crises ? Comme par exemple la grippe aviaire ?
Q : Nos animaux n’ont pas été atteints par le virus. Mais nous avons tout de même stoppé l’activité pour raison sanitaire comme tout le monde. On a été globalement bien accompagné. À nous d’être multi-compétents, rigoureux, exigeant dans tous les domaines car la tendance peut changer très vite et tous les jours. Il faut s’adapter et en faire de soi-même. Alors, on conçoit, on fabrique, on se dépanne seul pour aller au plus vite pour nos animaux. C’est pas tout le temps facile…
B.E : Et la vente à la ferme en volaille ?
Q : Pour le moment non, c’est du temps en plus ! Nos voisins le font déjà. Et puis, il faut faire les marchés (semaine et week-end). On a trouvé notre équilibre, on est bien comme ça.
B.E : Actuellement vous êtes à une estimation de combien d’heures travaillées par semaine ?
Q : On fait 8h 18h du lundi au vendredi, voir 12h/16h les vendredis si on peut. Et tous les week-ends, 1h pour les bovins à 3. Et on passe aussi voir les volailles, faire le tour de tous les bâtiments, voir si tout va bien.
B.E : Vous arrivez à concilier facilement vie familiale et vie professionnelle ?
Q : Oui, ça fait partie de nos objectifs ! On peut travailler la nuit comme le week-end (ça fait partie du métier) mais on s’organise aussi pour prendre des journées.
B.E : Et votre vision sur la nouvelle agriculture, les nouvelles normes demandées ?
Q : En bio, c’est un cahier des charges un peu spécifique. On n’a pas d’antibiotique, on respecte différemment le bien-être que le standard, on a moins d’animaux au mètre carré, ce qui permet d’améliorer nos performances. On a de meilleures marges qu’en standard. Les conditions de travail sont meilleures aussi.
On a toujours fait appel à Boissinot Elevage
B.E : A quel moment et pourquoi avez-vous fait appel à nos équipes ?
Q : C’est facile, c’est à côté de chez nous. Le magasin est tout prêt, ça nous facilite vraiment. On a toujours fait appel à Boissinot Élevage, même avant qu’Émilie et Patrick reprennent la suite de Michel Boissinot. Rénovation en 2009, 2012, 2014, bâtiment neuf en 2019, on fait toujours appel aux équipes de Boissinot Élevage. On connait bien les gars. Les plans fournis par le bureau d’études nous permettent de pouvoir faire par nous même une partie des travaux. Du coup, c’est facile, tout est clair.
B.E : Des projets à venir au niveau avicole ?
Q : Oui, on projette de monter un autre bâtiment en remplacement d’un vieux bâtiment en fin de vie. On partirait sur du neuf et non pas de la réno.
Démarrer avec zéro c’est compliqué
B.E : Pour vous, aujourd’hui, il vaut mieux reprendre la suite d’un éleveur ou se lancer ?
Q : C’est compliqué aujourd’hui de créer un élevage neuf en volaille même en bovin, financièrement c’est quasi impossible. Il faut beaucoup de capitaux. Démarrer avec zéro c’est compliqué. Tout coûte cher, le bâtiment, le matériel, les frais annexes, balayeuse…
Il faut vraiment du temps pour apprendre tous les aspects du métier
B.E : Donc il faudrait commencer quasiment en salarié et préparer une transmission au fur et à mesure des années…
Q : Oui, l'expérience est essentielle. Il faut vraiment du temps pour apprendre tous les aspects du métier, que ce soit en travaillant dans la ferme familiale ou en étant salarié dans une autre ferme. C’est important de voir ailleurs et de prendre du recul.